Nous connaissons essentiellement les abeilles pour leurs productions comme le miel et la gelée royale. Mais les abeilles comme les autres pollinisateurs sauvages ont un rôle bien plus important. Elles sont un maillon très important de la biodiversité. En fécondant les plantes à fleurs, elles participent :
- à la reproduction des espèces végétales,
- à la mise à fruit de ces espèces, qui alimentent de nombreux animaux (oiseaux, insectes, mammifères) et micro-organismes,
Les pollinisateurs ont également un impact économique majeur sur les productions agricoles végétales qui n’a pas été encore pris en compte à sa juste valeur dans l’approche agronomique.
Le rôle prédominant des abeilles en agriculture
Le rôle des abeilles est resté longtemps méconnu, mais il est néanmoins prédominant sur la production agriculture. En effet, ce sont elles qui pollinisent les plantes et leur permettent de se reproduire et d’évoluer. Sans les abeilles, de nombreuses espèces végétales disparaîtraient de nos assiettes, comme les citrons, les oranges, les amandes, les pommes, les courgettes, et bien d’autres encore. Leur contribution au PIB des États-Unis est estimée à environ 15 milliards de dollars. Et le prix du miel ne représente qu’une partie infime de cette richesse créée par les abeilles !
Au niveau mondial, a contribution des insectes pollinisateurs à la production agricole est évaluée entre 190 et 320 milliards de dollars par an.
Rien qu’en France, Bernard Vayssière de l’INRA Avignon a chiffré là 2,8 milliards d’euros par an l’impact des pollinisateurs sur l’agriculture française.
Les agronomes ne prennent pas en compte le rôle des pollinisateurs dans l’élaboration du rendement
Les pollinisateurs en tant que facteur de rendement ne sont pas pris en compte dans l’approche moderne de l’agronomie qui reste sur le triptyque « climat – sol – plante ».
Très peu d’expérimentations ont été mises en place pour mesurer l’impact réel des pollinisateurs sur les productions végétales. Sans doute, pour 2 raisons :
- l’expérimentation n’est pas aisée,
- il serait difficile d’admettre un rôle majeur aux pollinisateurs, sans réfléchir à leur préservation et donc sans repenser totalement les modes de production et les itinéraires techniques actuels.
Pourtant en colza comme en tournesol, toutes les données disponibles convergent vers les mêmes conclusions : la concentration en pollinisateurs – notamment en conditions climatiques difficiles – est énorme tant sur la productivité que sur les niveaux de richesse en huile.
En colza par exemple, l’analyse en composantes principales du regroupement de tous les essais effectués en France, dans le quart nord-est, depuis des dizaines d’année, montre que le facteur qui explique le mieux le rendement, ce n’est pas le choix de la variété, ni l’efficacité de la protection phytosanitaire, ni même la date de semis … mais la durée d’insolation pendant la floraison ! Et pourquoi ? Parce que s’il y a beaucoup de soleil pendant la floraison, les pollinisateurs et notamment les abeilles, sont très actifs !
Dans la même tonalité, le centre d’études biologiques de Chizé, conduit depuis 2007 des expérimentations dans une plaine céréalière d’environ 450 kilomètres carrés incluant plus de 400 exploitations agricoles. Pour étudier correctement l’incidence des pollinisateurs sur les productions végétales, il faut un espace expérimental très large puisque les abeilles se déplacent aisément sur plus de 3km autour de la ruche. A cette grande échelle, les conclusions des chercheurs sont de même nature : l’augmentation de la concentration en pollinisateurs accroît les rendements du tournesol de 20%. Et en colza, les gains de rendement peuvent atteindre 34%, en multipliant par 10 la quantité de pollinisateurs sur les parcelles.
L’importance de la diversité génétique pour les abeilles
La Californie est de très loin la première région mondiale pour la production d’amandes. 80% des amandes de la planète sont produites aux USA. Les besoins en abeilles sont colossaux pour féconder plus de 300 000 ha de vergers (lire cet article). Année après année, les abeilles viennent à manquer : les populations déclinent rapidement et aujourd’hui c’est une grande proportion des ruches disponibles aux USA qui conversent en Californie au moment de la floraison des amandiers.
Les principales causes évoquées sont l’épandage de pesticides ainsi que le varroa, un acarien se nourrissant de leur sang.
Mais le problème californien pourrait également être lié à l’absence de diversité génétique du cheptel américain.
« En soumettant les importations d’abeilles à des conditions très strictes, en poussant très loin la sélection, ils se privent d’une biodiversité qui favoriserait pourtant la résistance aux parasites, précise un chercheur de l’INRA, car augmenter la diversité, c’est accroître les probabilités de trouver un mélange génétique capable de permettre à l’abeille de s’adapter. »
Cette importance de la diversité est redécouverte partout dans le monde par les apiculteurs locaux. En effet, ces derniers utilisent de plus en plus les abeilles locales aux écotypes extrêmement diversifiés. Leurs avantages comparés aux abeilles importées incluent une plus grande résistance aux maladies, et une meilleure adaptation aux conditions climatiques de la région (sécheresse, froid, humidité, etc ).
Pour compléter vos connaissances
Le service de la pollinisation, par OSez l’agroécologie,
Augmenter les rendements des productions agricoles avec moins de pesticides
La pollinisation par les abeilles accroît la rentabilité des cultures de colza, article publié par l’INRAE
Les abeilles sont les pollinisateurs assidus des cultures fruitières et grainières, article publié par la FAO