La mise au point d’un dispositif astucieux pour analyser l’impact des odeurs florales sur l’agressivité des abeilles
Morgane Nouvian, étudiante en thèse sur un programme conduit en collaboration entre l’université de Toulouse et celle de Brisbane (Queensland Brain Institute) en Australie, a étudié l’agressivité des abeilles en laboratoire. Elle a mis au point un test dans un petit espace circulaire dans lequel se déplacent 2 abeilles. Elles sont “agacées” par un leurre en mouvement qui stimule leur agressivité. En libérant différentes substances odorantes, les chercheurs observent leur influence sur l’agressivité des 2 abeilles présentent dans l’enceinte.
Les résultats obtenus sur la relation entre les odeurs florales et le niveau d’agressivité des abeilles
Les chercheurs ont observé les comportements suivants :
Dans un second temps, les chercheurs ont vérifié que les odeurs calmantes ne masquaient pas la phéromone d’alarme & d’attaque.
Comment les odeurs florales peuvent-elle influencer l’agressivité des abeilles ?
En exposant des abeilles qui venaient de naître ces odeurs, les chercheurs ont découvert qu’elles provoquaient des réponses alimentaires même si les abeilles n’avaient jamais été en contact jusque là avec ces odeurs. Et quelques soit le continent, les abeilles ont réagit de la même façon ! Les abeilles françaises et les abeilles australiennes ont eu les même réactions face aux odeurs calmantes alors que leurs environnements sont très différents.
Les odeurs qui ont un pouvoir calmant agissent probablement comme des signaux innés qui rassurent les abeilles en leur signalant la présence de nourriture.
En conséquence, l’abeille reçoit 2 signaux contradictoires :
Entre les 2 messages conflictuels, les abeilles semblent préférer accorder moins d’importance à l’alerte défensive et accorder plus d’importance au festin qu’elle présent et qui lui met l’eau à la bouche !
Quelles peuvent être les applications pour l’apiculture et présence d’abeilles agressives ?
Les chercheurs ont transposé sur le terrain les techniques mises au point en laboratoire. Dans une ruche, ils ont placé un compartiment qui libère les différentes odeurs, et ils ont mesuré l’agressivité des abeilles en agitant un fanion à l’entrée de la ruche. Les résultats observés en laboratoire ont été similaires à ceux conduits en condition réelles. Les odeurs calmantes on diminué significativement les attaques des abeilles gardiennes.
Cette dernière expérience confirme non seulement les résultats obtenus en laboratoire, elle ouvre de plus des perspectives importantes sur la mise au point de parfums pour faciliter le travail des apiculteurs sur les ruchers agressifs.
Pour compléter vos connaissances
Lire les publications de l’équipe de Martin Giurfa du CNRS de Toulouse sur la cognition animale (CRCA – CNRS / université Toulouse III – Paul Sabatier)
Les résultats de l’étude publiés dans la revue Nature Communications,en décembre 2015.